Une belle critique "Babelio" de Mme Aline Raynaud pour mon livre " Embruns "

Publié par Julie Wasselin

De Julie Wasselin, je connais surtout les romans et les recueils de récits sur les chevaux et l’univers équestre en général… Voilà qu’elle me surprend avec Embruns, un nouveau recueil consacré aux « tribulations d’un marin d’eau douce » …

Je préfère commencer par faire un aveu et même plusieurs, pour que les choses soient bien claires : le monde de la voile m’est complètement étranger, je n’ai absolument pas le pied marin, j’ai même une certaine phobie des milieux aquatiques, je n’ai jamais appris à nager et si, par le plus grand des hasards et à mon corps défendant, je devais mettre les pieds sur un voilier, je pense que je passerais mon temps à « nourrir les poissons », image très parlante pour qualifier métaphoriquement le mal de mer. J’étais donc un peu embarrassée en commençant ma lecture…

Mais, pour mon plus grand bonheur, quel que soit le sujet, c’est toujours un plaisir de retrouver l’écriture efficace, incisive, drôle et tragique à la fois de Julie Wasselin. Encore une fois, ses historiettes sentent le vécu, d’autant plus qu’ici, la posture autobiographique est revendiquée et assumée… Ce court recueil de 125 pages se lit facilement mais, à mon avis, il ne faut pas le lire trop vite pour en saisir toute la portée.

Si j’ai eu un peu de mal à m’approprier le vocabulaire très technique, heureusement expliqué largement en notes de bas de page, et à m’intéresser à la pratique de la voile, je me suis attachée à suivre l’histoire complexe d’une famille, celle de l’auteure… Entre un père passionné, égoïste, indifférent à son entourage et une mère soumise et, à sa manière, détachée et peu concernée, la petite Julie, particulièrement observatrice et pertinente, a grandi et s’est forgé une certaine image de sa famille. Elle avoue aujourd’hui avoir découvert trop tard qu’au fil de ses échecs répétés, son père lui a transmis une certaine ténacité.

J’ai beaucoup apprécié certaines digressions, par exemple sur la roue. Ces passages m’ont fait penser aux développements de Raymond Devos. Les titres de chapitre, également, sont souvent savoureux : « Noroit, désarroi », « La cata marrante », « Broc de la mer »…

Personnellement, je n’aurais naturellement pas fait de rapprochement entre la pratique de la voile et celle de l’équitation attelée. Pourtant, je dois reconnaître, à la lecture de certains chapitres, que le parallèle semble possible. Faisons confiance à Julie Wasselin : si elle a pratiqué la voile en rivière et en mer pendant toute sa jeunesse, elle a aussi excellé en concours complet, en dressage et en attelage jusqu’à devenir juge élite à la Fédération Française d’Équitation…

Voilà un recueil où Julie Wasselin règle ses comptes avec la figure paternelle…

L’humour mis en avant a parfois des accents désespérés. La capacité à l’auto-dérision est toujours salutaire et démontre une certaine lucidité, une forme de pudeur aussi.

La quatrième de couverture laisse entendre, à demi-mots, que les expéditions incertaines reflètent nos désirs, que la pratique assidue d’une activité au sein de laquelle il faut toujours se dépasser devient chemin de vie. En effet, il faut lire entre les lignes, savoir écouter ce que véhiculent les embruns de la mémoire.

Je me suis interrogée sur ce que deviennent les souvenirs au fur et à mesure que le temps a passé, sur les actes manqués et les regrets. C’est parfois dérangeant dans la révélation d’une forme de présence paternelle indéniable mais également d’une absence de véritables échanges. La voile mise à part, en effet, qui que nous soyons, nous pouvons nous reconnaître, quelque part, dans les récits de ce livre.

Vous l’aurez compris : j’adore être surprise par Julie Wasselin…

Un recueil que je vous recommande, que vous soyez marin d’eau douce, meneur ou rien de tout cela…

Aline Raynaud

Une belle critique "Babelio" de Mme Aline Raynaud pour mon livre " Embruns "

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