La bougie

Hommage à Jean-Claude Sauvat.

     Elle est grêle et ne brûlera pas longtemps, mais assez, cependant, pour évoquer l’âme qui s'en est  allée par d’autres chemins. Immobile, recueillie, j’entends plus que je n’écoute la sédative, l’itérative prière du pope, ailleurs, captive de souvenirs où l’élégance le dispute à la poésie et à de lumineux mots d’amitié, le regard égaré dans la combustion de cette bougie entre mes mains tenue comme un dernier reflet de lui. En cet instant qui s’amenuise, elle m’évoque le jaillissement de la vie, la joie, la force, puis son déclin… et des larmes, peut-être, quand elle s’épanche lentement le long de la cire.

     Quand, parvenue à son ultime éclat, elle me brûle les doigts, je la laisse m’entamer comme m’entame ce départ, cette âme libérée, et cette perte aussi pour nous qui restons ici-bas. Puis elle s’éteint, et l’homme de cheval, entre mes mains, entre les mains de ceux qui sont là, dans les fumées qui s’effilent, se meurt une seconde fois.

     Mai 2012, ce furent mes adieux à l'attelage, avec Mélissa, au Grand Saint-Jean, et sur un incroyable succès…

     " Il y a des moments de grâce… " m'avait-il dit à la remise des prix.

     Ce fut notre ultime échange.