Tradition à Chambord… un rêve.

Publié le par Julie Wasselin

Une dernière sortie avec Falone, le 22 septembre 2002
Une dernière sortie avec Falone, le 22 septembre 2002
Une dernière sortie avec Falone, le 22 septembre 2002

Une dernière sortie avec Falone, le 22 septembre 2002

Il y a là l’aristocratie de l’attelage, mais aussi des meneurs anonymes venus avec des voitures issues d’un passé plus campagnard que citadin, des voitures avec lesquelles, à la Belle Époque, on n’aurait pas été se montrer au bois, mais qui n’en sont pas moins jolies dans leur simplicité, et qui possèdent la poésie, en plus.           

On est venu de toute la France, mais aussi de pays frontaliers.

Participer. Peu importe le résultat.

L’essentiel est d’être là… uniquement parce que se balader en attelage à Chambord reste un fantasme ! une éventualité si improbable que, lorsque le rêve s’est matérialisé, personne n’a voulu manquer à l’appel ; comme beaucoup d’autres, j’ai saisi au vol cette chance de pouvoir, quelques trop rares heures, ressusciter un temps dont on a forcément la nostalgie quand on a la folie et des voitures anciennes et des chevaux.

Face au château, quand tombe le soir, l’émotion est palpable et, comme des enfants émerveillés, c’est à peine si nous osons croire que nous sommes réellement là.

Violons et chandelles, lueurs vacillantes, bulles de champagne et rires perlés illuminent la nuit naissante, tandis que sombre dans l’obscurité le fabuleux fantôme, et que s’éclairent, une à une, les fenêtres, comme si le maréchal de Saxe errait encore de pièce en pièce, un candélabre à la main, à la recherche de cette vitre où, d’un diamant désabusé, François, premier du nom, grava peut-être : « Souvent femme varie, bien fol est qui s’y fie. »

Chambord et ses dentelles empesées… sa symbolique en forme de croix, avec pour épicentre, comme une torche vive, l’escalier flamboyant de Vinci.

Sortilège d’une nuit où le parc et son château nous sont abandonnés. Inoubliable féerie.

Quelle indicible chance, quel privilège, grâce aux chevaux, d’avoir cheminé jusqu’ici !

Le lendemain, le soleil étincelle sur les huit-reflets, les laques, les vernis, les boucles de laiton polies et la soie des chevaux. Chante alors l’antienne des sabots sur les pavés bossus et le crissement du bandage métallique de nos roues…

Devant nos chevaux, les portes habituellement closes s’ouvrent comme par enchantement et nous offrent le parc de Chambord tel qu’on ne le voit jamais parce qu’il est aux biches, aux cerfs, aux sangliers, et là, dans une pure félicité, rien qu’à nous.

Tout cela fut sans doute une illusion ? Ah non, il reste les photos, suffisamment belles pour que l’on se dise encore longtemps après : - Mais quel bonheur incroyable d’avoir été là… trop belles aussi pour ne pas soupirer, parce qu’il est fort probable qu’on n’y retournera jamais de cette façon-là !

Ce récit est extrait de mon dernier livre : "Les sentes cavalières" édité à l'Harmattan et préfacé par William Orlow-Andersen.

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