Confitures, déconfitures…

Publié le par Julie Wasselin

Hum.........

Hum.........

L'été et les vacances venues, il n'est question que de cueillette, de confitures, de gelées, de compotes et de conserves stérilisées. Assurer le futur... quel futur ? Déjà que le présent nous ne le vivons pas ! Sans un mot, ma mère y consacre ses journées et une partie de ses nuits, stockant dans l'obscurité de la cave des centaines de bocaux de légumes et de fruits qui nourriront nos repas d'hiver. Comme monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, bien avant l'heure, nous mangeons bio. Assise sur un tabouret parmi les groseilliers, un bocal entre les genoux et une fourchette à la main, j'égrappe les billes acidulées, ou bien, armée d'un marteau, je casse les noyaux d'abricots pour en extraire l'amande blanche et amère qui parfumera leur cuisson. Je taille les lavandes aussi, mais tout ce bonheur tranquille m'échappe parce que, commandées d'un ton sec par maman, ce ne sont que des corvées, alors que ç'aurait pu être un enchantement. Je préfère grimper dans les arbres avec les enfants des gardiens quand on les autorise à jouer avec « mademoiselle », poursuivre un cerceau, ou faire la course à vélo. J'ai, de cette époque, l’image de ma mère accroupie des heures durant dans son champ de fraisiers avec le chat couché sur les épaules et le pressentiment de son courage, et je me dis que si le chat l'aime et si elle aime le chat, c’est qu’elle n’est pas tout à fait mauvaise. Je garde aussi le souvenir d'énormes compotiers de framboises et de fraises des bois... indicibles, extraordinaires, puis celui de clafoutis aux cerises de Montmorency, de ces cerises pâles qui nous agaçaient les dents et comme jamais je n'en remangerai, un péché... et ça me donne envie de pleurer. Quand j'essaierai, plus tard, de faire des confitures, et que mes fils ne tourneront pas autour de la bassine pour en chiper l'écume d'un doigt gourmand, je penserai à toi, maman. C'est comme cela qu'on apprend.

La nostalgie d'un vrai tartoillon bourguignon

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