La foire de la Saint-Martin

Publié le par Julie Wasselin

La foire de la Saint-Martin

         Longes nouées aux barrières de fonte du foirail, des limousines aussi rousses que les platanes en ce matin de novembre, assurent l’accueil, volant provisoirement la vedette aux Charolaises d’ici.
         De petites vaches Highlands, largement encornées, illuminent la grisaille de leur fourrure longue et dorée. Des moutons, des oies, des cochons, un bouc fétide et ses chèvres, des ânes cernés d’enfants et des lourds, des chevaux de trait, surtout… mais surtout, tellement moins de chevaux qu’avant.
         Certainement ce que disent d’une voix qui roule les cailloux, ces vieux, ridés comme un labour, qui ont vécu, partagé, transpiré, travaillé la terre avec eux, avant.
         - Pensez donc, même pour la boucherie, on les vend pas… z’en font venir d’Argentine, pourtant… c’est-y pas malheureux ?

         Alors, on fait semblant : à cru, les fesses au chaud sur le dos large des Percherons, des Auxois, des Comtois, on tresse les crinières de laines vives ou de raphia. On démêle les queues, abandonnant au sol des crins que les oiseaux sauront retrouver pour leurs nids, au printemps. Puis on les entrelace, on les natte, faisant des couards de véritables œuvres d’art.
         Les gens s’arrêtent pour une caresse, une photo, une question… enfin ils ralentissent… sentant peut-être que ce serait bien de regarder un peu derrière eux.
         La nostalgie, alors, dénoue ses fils à la buvette autour d’un verre de blanc, pour faire passer, qui des oublies, qui des grattons, qui des gougères ou qui des tartoillons.

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